Taïwan fait de la diplomatie à Genève pour sortir de son isolement

By admin Mai 25, 2023

Le ministre taïwanais de la Santé et plusieurs diplomates multiplient les rencontres bilatérales cette semaine à Genève, en marge de l’Assemblée mondiale de la Santé. Objectif: dénoncer l’exclusion de Taïwan, mise à l’écart sous pression de la Chine.

La rencontre a lieu sur la place des Nations à Genève, devant le slogan « Taiwan can help », « Taïwan peut aider » en français. Alors que se tient depuis dimanche la 76e Assemblée mondiale de la Santé (AMS), qui rassemble tous les ans les représentants des Etats membres de l’Organisation de la santé (OMS), la délégation taïwanaise -qui en est exclue- multiplie les réunions et tente d’attirer l’attention des médias.

« Si Taïwan est empêchée de participer à l’OMS, Taïwan ne peut pas partager son expérience », regrette Hsueh Jui-yuan, le ministre taïwanais de la Santé, à la RTS. Pour lui, l’exclusion de l’île -indépendante de fait depuis 1949 – empêche un partage rapide et performant des informations, indispensable pour prévenir les maladies infectieuses émergentes ou apporter une réponse efficace à la prochaine pandémie.

Dimanche, il avait déjà déclaré devant le Club suisse de la presse, qu' »exclure Taïwan de l’OMS ne compromet pas seulement le droit à la santé des 23,5 millions d’habitants de Taïwan, mais sape aussi les efforts de l’OMS pour la santé de tous ».

L’expérience Covid-19

Au début de la pandémie de Covid-19, Taïwan s’était distinguée en n’imposant pas de confinement strict à sa population, grâce notamment à un système de traçage et de mise en quarantaine très efficace.

Forte des leçons tirées de précédentes situations d’urgence sanitaire, l’île était également équipée de masques en nombre suffisant pour l’ensemble de sa population, qui a accepté de les porter sans rechigner.

Grâce à cette politique, le pays détient l’un des taux de mortalité liée au Covid-19 les plus bas parmi les pays de l’OCDE, selon des données présentées par l’Agence taïwanaise de lutte contre l’épidémie (CECC) et relayées par le Taipei Times.

Avec un taux de 0,18% Taïwan se place derrière l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud (de 0,7 à 0,08%) mais devant l’Italie (0,74%), le Royaume-Uni (0,85%) et les Etats-Unis (1,11%).

« La plupart des gens ont pu poursuivre leur vie normalement et la croissance économique de Taïwan n’a pas été affectée par la pandémie. Elle a même atteint des records », se réjouit Hsueh Jui-yuan.

Appels internationaux

Depuis la pandémie, de nombreux appels ont été lancés au sein de la communauté internationale pour permettre à Taïwan de participer à l’Assemblée mondiale de la santé en tant qu’observateur.

Avant l’ouverture de l’événement, Washington a également mis en garde contre les conséquences négatives de l’exclusion de Taïwan, évoquant les mêmes arguments que les représentants de Taipei.

« Les connaissances et les approches propres à Taïwan -y compris son importante expertise en matière de santé publique, sa gouvernance démocratique et sa technologie de pointe- apportent une valeur considérable qui éclairerait les délibérations de l’AMS », a déclaré sur Twitter la mission diplomatique américaine à Genève.

Opposition chinoise

Pour sa part, le ministère chinois des Affaires étrangères a réitéré -lui aussi par tweet- son opposition aux efforts visant à intégrer Taïwan en tant qu’observateur à l’Assemblée mondiale de la santé, affirmant qu’ils visaient « en fait à étendre l’espace international pour « l’indépendance de Taïwan » ».

« Toute tentative de jouer « la carte de Taïwan » pour contenir la Chine ne mènera nulle part », a prévenu le ministère.

Taïwan a été exclue de l’OMS en 1972, un an après avoir perdu son siège à l’ONU au profit de Pékin. L’Etat insulaire a été autorisé à participer en tant qu’observateur aux assemblées annuelles de l’OMS entre 2009 et 2016, quand les tensions avec la Chine étaient moindres.

Mais Pékin a accentué ses pressions sur Taïwan depuis l’arrivée au pouvoir de la présidente indépendantiste Tsai Ing-wen qui refuse de considérer, comme l’exigent les dirigeants chinois, que l’île fait partie intégrante de la Chine communiste.

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