Il y a déjà un an que la chanson « En dernier » connaît un succès retentissant sur toutes les plateformes musicales, dans les clubs, et pratiquement partout ailleurs. Ce morceau, composé par le chanteur-compositeur Kikko lyrics, avec la participation de l’animateur Guy Wewe, a captivé les auditeurs grâce à sa construction textuelle sur trois axes distincts, ce qui lui a valu une place de choix dans la musique haïtienne.
La beauté angélique d’une femme créole
Dès les premières lignes, Kikko enflamme l’imaginaire en célébrant la beauté angélique de la femme créole : « Ou antre la nan sal la ». Il évoque cette créature venue du ciel, comparant sa beauté à celle d’un ange. Cette référence est renforcée par la question : « Kòman ou kite lesyèl ? », suggérant que cette femme est d’une beauté céleste, presque irréelle. En interrogeant : « Èske w konn kwaze Gabriyèl ?« . Kikko établit un lien avec l’ange Gabriel, figure divine ayant annoncé la naissance de Jésus-Christ dans la tradition chrétienne. Cette interrogation implique que la femme en question dépasse la simple humanité et possède une aura presque divine. Kikko va même jusqu’à se demander si d’autres anges sont aussi beaux qu’elle. Ainsi, Kikko transcende la description physique en évoquant la beauté d’une manière poétique et empreinte de mysticisme.
Dans un extrait de Georges Castrera, on retrouve une similarité thématique avec la chanson de Kikko : « De toutes les voix qui broutent mon poème, la tienne est la seule qui s’émerveille d’une tache d’encre à l’horizon ». L’étonnement est un élément crucial dans la poésie, et tant Kikko que Castrera parviennent à exprimer cette sensibilité à travers leur art. Kikko trouve la beauté angélique sur terre et exprime son admiration profonde, tandis que Castrera évoque l’émerveillement que suscite une voix spécifique dans son œuvre poétique. Tous deux captent la sensibilité du sujet et la transforment en une œuvre artistique qui touche profondément leur public.
La demande mystérieuse
Si Kikko pose des questions, Guy Wewe semble déjà avoir trouvé la réponse : « se kounye a m vin reyalize ou se yon imen pami nou« . Le chanteur Guy Wewe démontre une perspicacité particulière. Il détourne son regard de la simple beauté physique de la femme pour se concentrer sur son comportement. Sa présence enflamme l’ambiance du club. L’animateur observe attentivement cette dame ; elle danse, elle parle créole. Sa courtoisie permet aux hommes de partager une danse avec elle ; Guy Wewe estime qu’elle jouit d’une grande popularité. « Tanpri danse avè m tou avan w ale, » exprime le désir ardent du chanteur de partager quelques pas avec cette femme remarquable. La demande de danser en dernier avec elle paraît énigmatique ; il veut être le dernier à partager ce moment avec elle. Même si cette femme est disposée à satisfaire cette requête, il préfère attendre jusqu’à la fin de la nuit ; il tient absolument à être le dernier. « S on ti danse sèlman m ap mande madam, » conclut-il sa demande. Cette demande mystérieuse laisse planer le doute sur l’existence d’un secret pour danser en dernier avec une femme. Dans tous les cas, c’est là toute la magie de cet art.
L’unique satisfaction
Quant aux deux stars de la chanson « En dernier », elles ne laissent transparaître aucune autre intention ; leur seul désir était de danser en dernier. « M p ap mande w nimewo w, ou pa bewzen di m koman w rele, m pwomèt ou p ap koze, » Kikko tente de mettre cette femme à l’aise pour qu’elle lui offre une danse inoubliable. Il explique clairement son intention. Kikko fait preuve d’élégance. Pour Guy Wewe, il était séduit par le parfum de la femme et désirait danser avec elle avant de s’endormir pour rêver de ce moment. Ainsi, danser avec cette femme constitue l’unique satisfaction de cette soirée. En résumé, la chanson « En dernier » de Kikko et Guy Wewe est un hommage à la beauté angélique de la femme créole.
Gathely D. CHERY